À bord des plus beaux trains du monde : voyager autrement, plus lentement, plus profondément

Vie pratique / Publié le 27 juillet 2025 par GlobeTrotteuse
Temps de lecture : 7 minutes
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À bord des plus beaux trains du monde : voyager autrement, plus lentement, plus profondément

Il y a ceux qui prennent l’avion pour aller vite. Et il y a ceux qui prennent le train pour mieux voir, mieux sentir, mieux vivre. Voyager en train, c’est traverser les paysages au ras du sol, découvrir les pays par leurs veines, ressentir le mouvement du monde en continu. Ce n’est pas une simple alternative écologique à l’avion : c’est une autre philosophie du voyage. Plus douce. Plus humaine. Voici quelques-uns des plus beaux trains que j’ai eu la chance de prendre, et qui m’ont donné envie de toujours préférer les rails aux nuages.

Le Transsibérien : traverser l’immensité russe

Partir de Moscou et rejoindre Vladivostok. Ou inversement. En sept jours de trajet, sans escale, le Transsibérien traverse huit fuseaux horaires, d’innombrables forêts, rivières, plaines, villes, villages. Mais personne ne le prend d’une traite. On monte, on descend, on s’arrête, on repart. Ce n’est pas un simple train : c’est un mode de vie.

J’ai embarqué à Irkoutsk, au bord du lac Baïkal, pour rejoindre Ekaterinbourg. Dix-huit heures de voyage. Dans mon compartiment, une vieille dame sibérienne m’a offert du thé dans un verre cerclé de métal. Un jeune étudiant m’a parlé de Poutine, de sa mère, de littérature russe. Personne ne pressait le temps. Chaque arrêt était un prétexte à descendre sur le quai, à acheter des beignets faits maison, à respirer l’air d’une nouvelle ville.

À bord du Transsibérien, j’ai compris que la lenteur permet de faire des rencontres. Le train devient un espace de dialogue. Une capsule suspendue dans le temps. Et dehors, la Russie défile, majestueuse, infinie.

Le Bernina Express : l’éblouissement alpin

De Coire en Suisse à Tirano en Italie, le Bernina Express est un petit train rouge qui serpente à travers les Alpes. Il monte, descend, franchit des ponts spectaculaires, traverse des tunnels creusés à flanc de montagne, longe des lacs turquoise et des sommets enneigés. En seulement quatre heures, il vous offre une véritable fresque vivante.

Je l’ai pris en plein hiver. La neige recouvrait les sapins, les villages semblaient sortis d’un conte. Les grandes vitres panoramiques permettaient de ne rien manquer. Chaque virage révélait un nouveau tableau. À un moment, nous avons traversé un viaduc en colimaçon, suspendus au-dessus d’un précipice. J’ai eu le souffle coupé.

Le Bernina Express est une démonstration de l’harmonie entre l’homme et la nature. Le voyage devient un moment d’émerveillement continu, sans filtre, sans écran. Et à l’arrivée, le contraste est saisissant : on quitte les glaciers pour retrouver les cyprès d’Italie.

Le chemin de fer côtier du Sri Lanka : entre mer et jungle

Entre Colombo et Galle, au sud du Sri Lanka, le train longe littéralement l’océan. Parfois si près que les vagues viennent frapper les rails. À bord, pas de réservation. Pas de première classe. Juste des wagons bondés, des fenêtres ouvertes, et une ambiance populaire, bruyante, vivante.

Je suis monté un matin à Mirissa, et j’ai trouvé une place assise près d’une fenêtre. La mer scintillait à droite, des enfants couraient sur les plages, des pêcheurs lançaient leurs filets. À gauche, la jungle luxuriante, les rizières, les temples. Dans le train, des vendeurs ambulants proposaient des samossas brûlants, des fruits frais, du thé au gingembre.

Ce train-là n’est pas confortable au sens classique. Mais il est authentique. On y vit la vraie vie sri-lankaise. On partage l’espace, la chaleur, les regards. Et on avance lentement, au rythme du paysage.

Le California Zephyr : l’Amérique en version XXL

Entre Chicago et San Francisco, le California Zephyr parcourt plus de 3 900 kilomètres en traversant les Rocheuses, les grandes plaines, le Nevada désertique, les canyons de l’Utah, les forêts de la Sierra Nevada. C’est l’un des trajets les plus spectaculaires que j’ai faits aux États-Unis.

Ce que j’ai aimé, ce n’est pas seulement la diversité des paysages, mais l’ambiance à bord. Des familles, des voyageurs solitaires, des retraités, des backpackers. Des conversations spontanées dans le wagon-restaurant, des silences complices dans le wagon panoramique. On échange des anecdotes, des conseils de lecture, des snacks.

Là aussi, le temps s’étire. On lit. On écrit. On regarde le ciel changer. On prend conscience de l’immensité du territoire. En avion, on traverse ce pays en six heures. En train, on le vit.

Le Shinkansen : quand la vitesse devient sérénité

À l’opposé du Transsibérien, le Shinkansen japonais file à 300 km/h entre Tokyo, Kyoto, Osaka et bien d’autres villes. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce train ultra-rapide n’est pas stressant. Il est d’une fluidité impressionnante, d’un silence parfait, d’une ponctualité chirurgicale.

J’ai pris un Shinkansen entre Tokyo et Hiroshima. Ce qui m’a frappé, ce n’est pas seulement la vitesse, mais le calme des passagers. Tout le monde respecte l’espace de l’autre. Pas de téléphones qui sonnent. Pas de discussions bruyantes. Chacun dans sa bulle, avec une vue sur le Mont Fuji, des champs de thé, des lignes impeccables.

Ce train prouve qu’on peut aller vite sans précipitation. Qu’on peut se déplacer rapidement tout en respectant le confort et le silence. C’est une expérience presque zen.

Pourquoi je préfère les rails aux airs

Après tous ces trajets, une conviction s’est installée : je préfère mille fois le train à l’avion. Non seulement pour des raisons écologiques – le train émet bien moins de CO₂ – mais aussi pour des raisons humaines et sensorielles.

En train, on voit les transitions. On sent les paysages changer. On assiste à l’évolution des architectures, des accents, des coutumes. On ne saute pas d’un monde à l’autre, on glisse doucement d’une culture à une autre.

Le train permet aussi l’imprévu. Les rencontres. Les retards parfois, mais qui deviennent des prétextes à l’observation, à la rêverie. Loin du stress des aéroports, des fouilles, des annonces hurlées, le train offre un voyage plus doux, plus logique, plus ancré.

Et puis il y a l’espace. Celui du corps, mais aussi celui de l’esprit. On a le temps de penser. De lire. D’écrire. De respirer.

Une autre façon de penser le voyage

Prendre le train, c’est aussi faire un choix de société. Refuser la course à la vitesse. Redonner de la valeur au trajet, et pas seulement à la destination. C’est accepter d’être sur le chemin, littéralement.

Cela coûte parfois plus cher. Cela prend souvent plus de temps. Mais on y gagne une richesse qui ne se mesure pas en euros ni en heures. On gagne du lien. Du souvenir. Du vécu.

Aujourd’hui, chaque fois que je planifie un voyage, je commence par regarder les lignes de train. Parfois cela m’impose de réinventer l’itinéraire. Parfois cela me fait découvrir des lieux où je ne serais jamais allé. Mais cela me garantit presque toujours une aventure plus humaine.

Et vous, avez-vous déjà fait un voyage inoubliable en train ?
Racontez-moi votre plus belle expérience ferroviaire. Que ce soit un train mythique ou une ligne locale pleine de charme, je suis curieux de découvrir vos récits sur les rails !

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